Il n’y a décidément pas de hasard, mais des synchronicités, des évidences qui se manifestent au moment opportun.

Premier roman de Laurent Gounelle, que je lis en dernier dans un parcours de lecture tout sauf anodin, un retour à l’essence ; mais j’y reviendrai plus tard. La synchronicité qui me vient à l’esprit est la suivante : alors que j’ai lu ce roman durant l’été, pas moyen d’en faire ma chronique habituelle. Au point d’en oublier un élément essentiel qui me sautera au yeux dès que ce jour j’ai repris le livre en mains pour mon passage à l’acte : le personnage principal est enseignant, en quête de reconversion…. Il faut savoir que depuis juin, poussée par une terrible envie de quitter non pas ce magnifique métier mais l’Institution qui le régit, je participe à– et j’anime – des groupes d’enseignants qui veulent se reconvertir. Le surnom des enseignants sur les réseaux sociaux – au groupe éponyme sur Facebook – est 800.000 feignasses. Dans les groupes de reconversion, chaque fois que l’un parvient à quitter le navire au prix d’une rupture conventionnelle gagnée de haute lutte ou de simple démission pour éviter le combat administratif contre un Goliath qui tente de nous retenir car le métier n’attire plus de candidats, nous nous réjouissons. Et là, depuis 8 jours, depuis la décapitation de l’un des nôtres par un fanatique, voici ce qui circule sur nous groupes : 799.999.

Et on ne se réjouit pas du tout …..

Pour revenir à notre roman, ce cher enseignant, fauché en ses fins de vacances à Bali, consulte un maître qui, en lui pinçant le petit orteil pose le diagnostic fatal : vous n’êtes pas heureux…..

Et l’enseignant de répondre, je serais peut-être plus heureux si j’étais en couple ! Ah, là, subitement je me dis que je suis au bon endroit ! Et de continuer par une suite de « lamentations » que j’évite généralement d’écrire sur mon mur FB : « je n’ai encore pas su m’opposer à la demande de quelqu’un », « je ne suis pas en couple parce que je suis trop ceci et pas assez cela » le tout évoqué dans une sensation de honte foudroyante …. M’est immédiatement avis que cet opuscule gounélien originel recèle de nombreux trésors pour moi 😊

Les croyances, voilà ce qui est au cœur du roman ! Et pas les fausses croyances inculquées de l’extérieur par des prédicateurs haineux à un ignare fanatique, les croyances que l’on nourrit en soi depuis l’enfance et qui sont le terreau sur lequel on construit notre chemin de vie.

Tout part d’un postulat trivial :  Nicole Kidman est convaincue d’être la plus belle femme du monde, et c’est la force de sa conviction qui fait qu’on la voit ainsi …. Pour arriver à une vérité essentielle : ce qu’on est à l’intérieur de soi se reflète à l’extérieur et tout ce que l’on vit a pour origine nos croyances.

Si dans ses romans suivants Gounelle a étudié des modèles et outils de développement personnels (Ennéagrammes, le mentoring, l’hypnose, …), ici il s’adresse au cœur de ce que les outils et modèles cherchent à faire évoluer : nos croyances à propos de nous-mêmes et du monde ! « Quand on croit quelque chose sur soi, que ce soit en positif ou en négatif, on se comporte d’une manière qui reflète cette chose. On la démontre aux autres en permanence, et même si c’était à l’origine une création de l’esprit, cela devient réalité pour les autres, puis pour soi. » En une phrase, le sage anéantit les prétextes qui enlèvent toute responsabilité et pouvoir personnel à qui les profère : ça irait mieux à l’intérieur de moi si quelque chose à l’extérieur de moi changeait !

Alors d’où nous viennent nos croyances ? Globalement, de notre enfance (avant nos 7 ans, notre cerveau est en mode Alpha, en mode programmation). Petit conseil : si votre enfant se balance sur sa chaise, si vous voulez l’aider à construire sa confiance en soi, préférez la phrase « garde ton équilibre » à « tu vas tomber » ! Eh oui, les croyances intégrées par l’enfant se fondent sur des nuances subtiles, et c’est bien pour ça qu’en tant que parent on ne se rend pas toujours compte de la portée de nos mots … et des reproches qui arrivent 20 ans plus tard. Autre modèle important, décidément en trame de ce recueil – mot qui résonne fort et rime avec cercueil – les enseignants, véhicules de l’effet Pygmalion et des fameuses prophéties auto-réalisatrices ! Si je crois en toi, tu réussiras, la contre-apposée étant toute aussi vraie… En dehors des agissements d’autrui, nous sommes la source de certaines nos croyances, à travers les conclusions que nous tirons inconsciemment de nos expériences vécues. Un bébé aux parents émotionnellement indisponibles (réagissant peu tant aux pleurs qu’aux rires du bébé) en déduira qu’il n’a pas d’impact sur son monde environnant. Et en l’absence d’expérience contradictoire, l’enfant devenu adulte sera fataliste…. Et finira par ne plus essayer, renforçant sa perception initiale … : sa croyance sera devenue sa réalité ! Notre cerveau a généralisé l’expérience, en a tiré une conclusion définitive qui s’est manifestée irrévocablement … nous empêchant d’être heureux. Nos croyances filtrent notre réalité, et se renforcent ensuite dans une boucle infernale …. jusqu’à ce qu’une autre croyance puisse venir s’y substituer. Et c’est tout le travail de développement personnel. Ce qui fait la force de l’hypnose, c’est justement de travailler sur les croyances, avec les ondes cérébrales remises au même niveau que lors de la programmation d’origine …. (pub ! 😉)

Une grosse partie de l’ouvrage de Gounelle est tournée vers l’impact de la psyché sur la guérison de maladies physiques. Ce roman de Gounelle « L’homme qui voulait être heureux » devrait être prescrit à la communauté médicale occidentale toute entière. Son chapitre sur l’effet placébo semble bien montrer que si l’on croit en sa guérison, on peut plus facilement guérir (30% de guérison avec un simple placébo : une croyance peut guérir…) ;mais l’effet nocébo existe aussi (une croyance peut tuer, en effet… et une fausse chimio peut faire tomber les cheveux de 33% des personnes soumises à un test…): amis médecins occidentaux, s’il vous plait, consultez quelques manuels orientaux qui permettent de retracer les liens entre le corps et l’esprit avant de citer Hippocrate….. L’exemple de la schizophrène aux analyses de sans opposées me laisse sans voix : l’une des personnalités pourrait être atteinte d’un cancer et l’autre pas… Comme dirait un film fétiche : résous-moi ça !

Alors que faut-il faire pour aider autrui à évoluer, à se libérer de l’emprise de ses propres croyances ? Sûrement pas l’aider à se complaire dans sa victimisation : cela finit de lui ôter toute possibilité de reconquérir son pouvoir personnel. Et le sage du roman de Gounelle de révéler en poil à gratter la vérité sous-jacentes à quelques situations dans lesquelles on peut tous se reconnaître : si je me vexe, … c’est mon problème ; si je mens, … c’est à moi que je cause du tort en accumulant une énergie négative; si je dis que je n’ai pas de chance, … c’est juste que je ne sais pas voir les opportunités qui se présentent… bref, un travail personnel comprend toujours une phase d’inconfort, celle de reconnaître nos schémas limitants mais si confortablement habituels …

Quelques principes énoncés dans l’opuscule gounellien :

– le coach/thérapeute/mentor/guide/gourou ne peut faire le travail à la place de celui qui veut évoluer ; les pré-cités ne sont que des éclaireurs/facilitateurs/empêcheurs de continuer tout droit dans le mur.

– là où je place mon attention prend de de l’importance : si je focalise sur du négatif, j’imprime ce négatif en moi  àconseil : voir tout ce qu’on a de positif dans notre vie, remercier toutes les parties de notre corps qui vont bien, y compris quand on a mal quelque part….

– là où je mets de l’énergie se développe, se concrétise à mieux vaut focaliser sur ce que je veux que sur ce que je ne veux plus (j’essaie en ce moment de concentrer mon attention sur la jolie passerelle piétonne que je veux sous mes fenêtres plutôt que sur l’horrible viaduc prévu par le Département… et j’envisage de proposer une visualisation en ce sens à notre prochaine AG ….)

Les croyances sur la mort influencent grandement notre vie. L’idée de se réincarner avec 72 vierges pousse visiblement plus à la folie que la simple perspective de redevenir poussière. Et si on arrêtait d’avoir peur de mourir, est-ce qu’on ne vivrait pas mieux ? Je suis d’ailleurs bien inquiète sur la façon occidentale de gérer la crise sanitaire, vu l’impact du psychisme sur le corps, la peur affaiblissant le système immunitaire … Et si, au-delà de viser une réincarnation plus haute comme témoignage de notre élévation sur le chemin de vie, on se demandait simplement comment être une meilleure personne demain, ici-bas ?

A un moment, le roman se transforme en véritable coaching de reconversion, qui m’interpelle tout particulièrement dans ma démarche actuelle : ce fameux prof … sa reconversion sera la clé de son épanouissement, de son bonheur, à condition de tenir compte des points suivants, véritable florilège de techniques d’accompagnement ….

– concernant la peur du passage à l’action (en d’autres mots, absence de projet clair de reconversion, sans même parler de business plan), le sage répond « Vous démystifierez ce projet en listant précisément tout ce que vous aurez à faire pour le réaliser, puis en notant pour chaque tâche ce que vous savez faire et ce que vous ne savez pas encore faire. Il suffit ensuite de trouver comment acquérir les compétences qui vous manquent .» Le vieux sage suggère au pédagogue de visualiser la situation cible comme si elle était déjà vécue.

– contre la peur d’être rembarré s’il demande conseil ou aide, le prof se voit répondre qu’il confond la peur du rejet d’une demande et la douleur de se sentir rejeté comme personne…. Le vieux maître va lui proposer un exercice qui se retrouve souvent de nos jours en coaching amoureux : faire exprès de se faire rejeter souvent pour se libérer de sa peur du rejet…

– sur la peur de l’échec, le vieux guérisseur explore ce qu’en hypnose et PNL on appelle un transfert d’état de ressources : combien de fois, bébé, avons-nous refusé d’abandonner face à l’adversité de l’apprentissage de la marche, pour finalement triompher…

– choisir notre voie, c’est parfois renoncer …. à nos chères vacances, et bien sûr à notre sécurité statutaire… mais s’abstenir de choisir, c’est s’abstenir de tenir les rênes de notre vie….

Alors, suivant ces conseils et mon propre chemin, je grandis aussi, sur le plan personnel et dans mon parcours professionnel … et voici mon nouveau Mantra pour ma routine matinale :

– vu que je n’ai plus peur d’être rejetée, je ne vais plus l’être 😉

– malgré les contre-temps, et le confinement, je continue de m’ouvrir aux autres

– je promets de vous aimer, même quand vos comportements ne cadreront pas exactement avec ce que j’attendais de vous (soyez raisonnables et indulgents tout de même 😉), et de focaliser sur vos qualités qui ainsi se verront augmenter

– je ne confie plus mes projets aux rabat-joie qui découragent simplement pour répondre à leurs propres besoins psychologiques ou à qui mes réussites seraient insupportables au regard de leur manque d’initiative propre, et je choisis avec soin ceux dont je demande les lumières

– je continue à incarner le changement que je veux voir dans ce monde, et je pardonne à ceux qui me sont contraires, car derrières leurs actes se trouve assurément une intention positive, parfois infime, souvent inconsciente (petit bémol, s’il vous plait, pour m’aider un peu : comme je le disais à mes enfants petits – et que j’aurais tant voulu pouvoir dire probablement inutilement à un fanatique armé – ne faites jamais rien d’irréversible…. )

Et le roman de s’achever sur le questionnement de mon roman culte, cité sous l’angle de l’argent et du sens de la vie : Dorian Gray. Je me plais à penser quel aurait été l’avenir de ce sombre aristocrate s’il avait eu quelqu’un qui croie en sa bonté d’âme, quelqu’un qui l’aide dans un coaching bienveillant, l’amenant à utiliser ses deniers et son charisme non pour corrompre, charmer ou contrôler, mais pour donner à d’autres les moyens de révéler leurs talents…

Je m’excuse pour ceux qui regrettent mes pamphlets plus acerbes et jugent cette chronique un peu ingénue, mais en ces moments difficiles, j’assume et je choisis avec conviction d’être un prédicateur de bonheur 😊