Au fil de mes pérégrinations sur internet, pour avancer toujours plus sur la connaissance de soi, je suis tombée sur une pépite.

Moi qui depuis 3 ans me dis tous les jours que le monde a les piles mises à l’envers, voilà que je tombe sur un petit livre aussi vert que la grenouille de son titre, bien plus éclairant que l’ancien livre rouge dictatorial et anti-penséiste des années 1960. Ça fait du bien !

En tant que prof, je déplore chaque jour les programmes scolaires qui conjurent les élèves de débattre sans avoir au préalable équipé leur pensée ni leur langage. Vaste ineptie. En tant que citoyenne, je déplore chaque jour la minabilité (médiocrité est insuffisant) des débats télévisés, sans oublier ceux de l’Assemblée Nationale. Ceux qui sont supposés être intellectuellement et linguistisquement équipés, ont visiblement une autre carence à complémenter. D’invective en insulte, plus aucun échange d’idées n’est possible, la langue devenant le venin avec lequel mordre et contaminer l’autre de sa vindicte au lieu de s’élever collectivement dans un échange constructif et humaniste.

Bref, le petit opus que je viens de dévorer en quelques heures m’a fait l’effet d’un chocolat mental, quelques grammes de finesse dans un monde de brutes. Si seulement nos édiles et autres élites le parcouraient, ils éviteraient peut-être les fausses solutions assénées de façon péremptoire, pourraient exposer et permettre au peuple – qui lirait aussi cet opuscule – de disposer. Bref, l’intelligence collective, l’humanisme et la démocratie feraient enfin leur retour.

« La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite, et autres leçons de vie » propose de réfléchir aux maux qui nous traversent et aux espoirs que nous pouvons ranimer en visitant 7 allégories simples et efficaces.

Le préambule n’a pas tardé à me motiver (car séduire ou convaincre seraient des termes précisément inappropriés). Moi qui trouve que nous vivons dans un monde trop ou surtout mal religieux, le retour à l’étymologie du «diable » ramène un peu de bon sens au milieu de ce chaos actuel, la religion n’étant pas en meilleure condition aujourd’hui que nos politiciens de pacotille.Le vraiment diabolique, Diabolein, c’est ce qui sépare, ce qui divise….. Et par opposition, se trouve le symbole, Sumbollein, qui assemble et unit. Alors ces allégories, sources de réflexion et non d’imposition d’interprétation qui fait conduire sa vie avec des œillères, m’ont mis du baume au cœur. Et si, comme aux temps de l’Encyclopédie, nous décidions de reprendre le chemin de la co-naissance, où nous débattrions à nouveau avec respect dans un esprit de croissance et de co-construction ? Cela m’évoque également la Rencontre de Charles Petit, où chacun grandit en se laissant être transformé par la rencontre authentique et constructive avec autrui.

Autour de 7 allégories, une à lire chaque jour pour peut-être en extraire la quintessence, Olivier Clerc propose des pistes de réflexion sur des sujets aussi cruciaux qu’urgents….

Et vous pourrez bâtir votre propre réflexion sur des thèmes aussi importants que :

– Le changement, celui que l’on subit ou celui que l’on choisit… oui auquel on s’oppose. Faites vos jeux ! Mais encore faut-il être conscient de ce qui est en jeu, les enjeux, et connaître les règles du jeu de l’humanité à laquelle on est tous en train de participer bon gré mal gré. Partant du constat de la société actuelle où l’on finit par s’habituer à l’inacceptable d’hier, comment donner le coup de queue nécessaire pour s’extirper du marasme – et pas seulement économique – dans lequel nous sommes plongés jusqu’au cou ? Il y a peu, par exemple, notre cher Président disait que Depardieu rendait la France fière. J’ai publié un « not in my name » qui a reçu peu d’échos sur mes réseaux. Un « not in my name » que j’aurais aussi aimé voir fleurir sur les réseaux sociaux au lendemain du 7 octobre, et que j’attends toujours. J’approuve la trilogie que propose Clerc (conscience, mémoire et étalonnage des valeurs) qui pour moi est plus éclairante qu’un Liberté Egalité Fraternité totalement galvaudés et plaqués sur les frontons des édifices mais détournés régulièrement de leur sens vital. Ces deux trilogies ne devraient pas se décréter mais être les phares qui éclairent le chemin de nos choix quotidiens, et je trouve la proposition de Clerc pragmatique.

– Le rythme du changement, et notamment en développement personnel, en éducation mais aussi en projets de tout type.

J’ai souvent des clients qui reviennent me voir, déçus d’avoir rechuté sur un point de leur développement qu’ils croyaient acquis, ou qui ne voient pas assez vite les effets du chemin déjà parcouru. La métaphore du bambou est tellement éclairante. Jadis on disait Rome ne s’est pas faite en un jour, ou encore patience et longueur de temps valent mieux que force ni que rage. Aujourd’hui, on veut tout, tout de suite, sans effort et gratuitement…

Ces dernières années, j’ai préparé ma reconversion professionnelle. Certains coachs vous prédisent une ascension fulgurante. Moi, telle la tortue, j’ai pris mon temps, mais ce faisant j’ai aussi savouré chaque moment de ma transformation. Le bonheur, ce n’est pas la destination, c’est le chemin…. Alors je suis heureuse, loin des promesses à la Perette et le pot au lait, j’apprécie ce que j’ai conquis car je n’ai pas rêvé par anticipation à une réussite qui m’aurait incitée à m’exiler à Malte ou Dubaï pour raisons fiscales. Combien de Perrette sur le parcours de l’entrepreneuriat ont vu leur pot se fracasser pour avoir voulu se projeter dans le firmament de la réussite financière sans savourer le chemin de l’accomplissement doux de soi, sans avoir accepté d’être le bambou tissant doucement ses racines avant de percer robuste et souple.

Prof un jour, prof toujours, je me dis parfois. Et là, combien d’enfants continuent de souffrir de prophéties néfastes que d’ignares collègues plaquent sur eux. On devrait retirer le permis d’enseigner à chaque prof qui ne saurait pas voir le moment nécessaire – et invisible – où l’enfant tisse dans l’ombre sa compétence de demain. Ce n’est pas parce que cette compétence ne s’expose pas au même moment pour tous qu’il y a des sots et des malins. C’est avoir la vue courte que de raisonner ainsi, et un prof éclairant ne saurait avoir la vue courte.

– Le poids des représentations initiales et autres préjugés, ou croyances limitantes

Qui d’entre nous ne traîne pas une fausse connaissance, un truc que des armées entières de profs ont essayé ensuite de nous amener à rectifier, mais sans succès. Pour certains, ça concernera le système solaire, pour d’autres la gravité ou encore le fonctionnement de certains organes du corps humain. Ce que Clerc ne liste pas, c’est qu’au-delà de ces premières croyances erronées installées depuis le berceau, de nouvelles croyances sont aujourd’hui implantées dans des cerveaux adultes par les réseaux sociaux et par les dogmes en tout genre, notamment religieux. Et quand on sait que des robots de toutes nationalités ont envahi les réseaux sociaux et tentent en masse de coloniser nos esprits, ça demande un peu de vigilance, de questionnement quotidien et de nuance. Il semblerait que Pascal ait une autre citation concernant le doute qui est tout aussi pragmatique que celle du pari…. Et si à notre triade nationale précitée on ajoutait la phrase de Jefferson : « On ne peut pas être libre en ignorant ». Et si plutôt que de prendre des armes pour se « libérer », et si plutôt que d’apprendre sans discernement des versets de textes certes millénaires – mais justement millénaires – on se cultivait par des lectures insufflant en nous un doute raisonnable et non paralysant mais stimulant notre créativité ? Moi, ça me tente !

– L’aide qui affaiblit et asservit… Tout un sujet !

Moi qui travaille au quotidien à aider les gens à reconquérir leur autonomie de pensée et d’action, ça me parle. Moi qui choisis de m’émanciper de Pôle Emploi avant l’heure, pour ne pas devenir dépendante de mes « droits » mais pour conquérir bien plus, ma liberté ! Et quand on voit, au niveau supra national les conséquences des postures d’Etats victimes, des images d’exploitant et de dépendant mais aussi de celle de bienfaiteur soudoyeur et de droits divers à la réparation, à la compensation, à l’indemnisation …. Sortons de cette dichotomie qui enferme les « victimes » dans un destin qui leur échappe.

Apprendre à son fils à pêcher plutôt que de lui donner du poisson, belle action éducative émancipatrice.

Ça me rappelle le poème de Khalil Gibran :

Cet opus recèle encore quelques allégories à explorer, chacun à sa manière, chacun avec son regard, chacun au travers de sa propre expérience de vie, chacun à son rythme. Et de ces lectures individuelles, faisons débats, échanges, partages pour reconquérir notre humanité qui nous échappe un peu plus chaque jour.

Texte écrit par Mumu sans chat GPT…. Pour une année 2024 faite d’espoir, d’intelligence collective, de partages, d’échanges fructueux et vertueux, bref faite d’humanité 😊