Alors que le concept de liberté commence au printemps à me chatouiller, voilà qu’un bus frôle ma voiture dans les embouteillages annonçant la sortie du dernier Laurent GOUNELLE : « Je te promets la liberté » ! Synchronicité absolue ! Je me procure donc l’ouvrage, auprès d’une collègue avec qui on se relaie pour nettoyer les tasses de l’évier, thème qui émaille ( 😊) justement l’ouvrage ! Synchronicité, quand tu nous tiens !

En termes de plaisir de la lecture, l’ouvrage n’atteint pas les sommets de « Et tu trouveras le trésor qui dort en toi » ni de « Les Dieux voyagent toujours incognito » du même auteur. Le personnage central est moins attachant. Il est vrai que sa personnalité est plus labile, et c’est justement la clé de voute du roman.

Dès les premières pages, je fronce les sourcils : un hypnotiseur semble induire des peurs chez ses patients ! Moi qui me questionne régulièrement sur mon éthique professionnelle, je reste sans voix, c’est pour dire ! Et voilà que se réactive mon questionnement sur l’hypnose et l’éthique, et quelques événements récents – et politiques – n’ont pas manqué d’alimenter ma réflexion. Un candidat aux prochaines municipales est venu me demander si je pouvais l’aider à hypnotiser une salle ! J’imagine qu’il a une vision très stéréotypée de l’hypnose, car en réalité, tous les hommes politiques ont recours à des procédés hypnotiques dans leurs messages, sans parler des publicités ! Au passage, pour être hypnotisé en masse, je vous conseille d’assister à un concert sous hypnose, c’est une belle soirée assurée, un voyage intérieur intéressant ! En politique, donc, l’un des champions de l’usage des procédés hypnotiques semble être Obama. S’appuyer sur l’hypnose conversationnelle ou discursive pour dialoguer directement avec l’inconscient de son interlocuteur ou de son public est une recette qui fonctionne, et que ce cher Barack affectionne. Il s’agit d’un procédé qui requiert pas mal d’habiletés, notamment dans la façon de prononcer un discours qui, scandé d’une certaine façon, fait émerger un deuxième niveau de discours, entre les lignes. Des mots parsemés, prononcés avec un ton et un rythme hypnotiques, s’assemblent finalement pour que le cerveau retienne seulement : CROYEZ.. .CHOISI… ECOUTEZ…. CROYEZ… JE SERAI…. PRESIDENT DES ETATS UNIS, et le message caché est habilement planté…. Et l’opus sur l’hypnose conversationnelle décrypte certains mots de liaisons qui favorisent le pont avec l’inconscient et l’assimilation des suggestions. Et une expression revient souvent : …. et en même temps …. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant été élues est purement fortuite ! 😵 Sans parler des commandes hypnotiques cachées, destinées à orienter vos achats, vos votes, vos décisions. Pour ce faire les scripts hypnotiques enseignés en formation utilisent largement l’impératif, et, le discours politique suivant reprend exactement la structure d’un script hypnotique : On peut ou pas… CHANGEZ D’IDEE… mais les personnes qui ont…CHANGEZ D’IDEE…savent à quel point elles ont pris la bonne décision à chaque fois qu’on leur demande pourquoi elles ont… CHANGEZ D’IDEE… dans le fait de considérer l’adoption d’une façon différente. L’art de contourner les obstacles du conscient, en se servant même des résistances de son interlocuteur, voilà encore une technique que l’on apprend en formation en hypnose, et que tout communicateur peut s’exercer à utiliser pour augmenter son pouvoir d’influence ; dans « Et tu trouveras le secret qui dort en toi », le maniement du paradoxe avait déjà été cité comme moyen de faire évoluer l’opinion d’autrui. Ici, d’autres procédés sont listés pour venir à bout des objections : le langage de confusion, la synchronisation sur son interlocuteur, le conditionnement avec pose d’ancrage, les métaphores pour contourner les objections de l’esprit conscient… Un opus intéressant, des outils à double tranchant. Les discours politiques des élections à venir pourront être plus facilement déconstruits grâce à ces petits trucs. D’ailleurs, lors d’une réunion avec le président du Conseil Départemental, poussée par ma volonté de convaincre, j’ai moi-même eu recours à certains de ces procédés. J’avais observé attentivement les façons de faire des tribuns au fil des réunions successives d’une concertation publique s’étalant sur plusieurs mois, et j’ai procédé à leur façon. Et à la tribune, le Président et son adjoint se sont regardés et n’ont pas pu s’empêcher d’arborer un rictus, le sourire de celui qui est pris le nez dans le pot de confiture… L’ouvrage que je viens de lire sur l’hypnose conversationnelle rappelle d’ailleurs l’importance de l’éthique dans le maniement de ces habiletés. Il met en garde contre les dérives manipulatrices de ces procédés : « Un seul mot sépare la magie blanche de la magie noire : votre intention. Manipulez, trompez, dupez les autres… et votre pouvoir vous explosera au visage. Chercher plutôt à développer les gens, à créer une différence positive pour eux. »

J’en reviens donc à l’éthique, et à mon effroi à la lecture du Gounelle quand le praticien en hypnose déclame « Au fond de vous, tout au fond, se niche maintenant une peur immense, une angoisse profonde…  l’angoisse d’être une personne… qui ne vaut rien. » Suspectant que Gounelle est trop intelligent pour jeter l’opprobre de manière aussi grossière sur une technique de développement personnel qu’il affectionne généralement dans ses romans, je poursuis donc la lecture de l’ouvrage, supposant que derrière cette pratique satanique de l’hypnose se cache une logique constructive ! Et cette pratique heurtait une autre de mes convictions ! Je ne comprenais pas pourquoi et comment une telle suggestion pouvait fonctionner, vu que je m’évertue à dire à mes consultants que je ne mets rien dans leur esprit que leur esprit ne soit prêt à recevoir et qui ne soit bon pour eux. Alors comment le personnage principal pouvait-elle se laisser influencer négativement de la sorte ? En effet, moi qui avais testé l’hypnose de spectacle, je m’étais bien retrouvée sur la scène – car j’étais venue éprouver cette technique – mais je n’avais ni sauté sur les tables ni henni comme un cheval car, n’étant pas venue pour faire le pitre, mon inconscient n’avait pas donné l’autorisation à de telles suggestions d’entrer en action. Donc, la protagoniste était d’accord pour vivre ces émotions, car cela s’inscrivait dans le parcours de transformation intérieure qu’elle souhaitait entreprendre.

Comme tout ouvrage de Gounelle, ce dernier roman est bien documenté. En fait, l’évolution du personnage central s’opère sur la base d’un modèle d’analyse des personnalités. Il en existe une grande variété, dont certains assez connus, comme les personnalités jungienne et leur application en entreprise sous la forme du MBTI, le Myers Briggs Type Indicator . Vous pouvez faire le test en ligne, si vous êtes un peu curieux. Pour info, mon profil est plutôt ENFJ (Les ENFJ peuvent être perçus comme des personnes sociables, imaginatives et désirant se développer. Dans leur style de management, ils sont enthousiastes et encourageants, visant au développement des autres. La gestion de leur stress passera notamment par un travail sur l’assertvité (affirmation de soi). Lors d’un coaching, ils auront besoin de support, de se référer à des lectures). Ici, Gounelle base le fil conducteur du processus de transformation de son héroïne sur le modèle des Ennéagrammes, lui aussi pas mal utilisé en entreprise. Si je reste toujours circonspecte face à des classifications de personnalités, le modèle des Ennéagrammes apporte une dimension dynamique qui correspond à ma vision : si l’on n’entreprend pas de parcours de développement personnel, on ne prend pas conscience des mécanismes de défense que l’on met en place au quotidien dès qu’une de nos blessures est réactivée, renforçant alors ces mêmes mécanismes et les peurs sous-jacentes dans une sorte de spirale infernale de cristallisation. Si l’on entreprend un parcours de développement personnel, on pourra évoluer pour réduire ses blessures et ne plus les laisser guider notre vie. Notre Ego sera apaisé, la fausse personnalité mise en place pour se protéger pourra s’effacer pour laisser la vérité de notre être s’exprimer. Mon profil selon les Ennéagrammes serait plutôt celui du type 2, test effectué en ligne là-aussi : n’exprime pas ses besoins ou attentes ; prend tout sur son dos ; cherche la reconnaissance extérieure ; s’en remet aux autres pour avoir le sentiment d’exister et d’avoir de la valeur ; cela rend inconsciemment dépendante et fait souffrir….. Le travail effectué ces dernières années m’a assurément permis d’apaiser cela, et d’être plus centrée. Mais c’est un travail sans fin, car de nouveaux événements de la vie viennent défier les progrès, pour nous faire prendre conscience de ce qu’il y a encore à guérir en nous.

Moi, je ME promets la liberté, parce que je le vaux bien ! Et vous ?


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